04/06/2025 - INTERVIEW · Fin de vie à domicile : les infirmiers de l’HAD désormais en première ligne HAD

Depuis deux ans, une expérimentation encadrée par les ARS permet aux infirmiers de rédiger les certificats de décès. Une évolution majeure, qui transforme profondément l’accompagnement de fin de vie à domicile. À l’HAD de la Fondation Œuvre de la Croix Saint-Simon, cette nouvelle compétence a déjà été intégrée par 28 IDE formés en 2024 et 2025 par l’ARS, rendant possible la réalisation de plus de 130 certificats à ce jour. Quatre infirmier.ères témoignent.

 

« C’est un soulagement, pas une charge » – Amandine T., infirmière à l’HAD

 

Amandine T. a accueilli cette évolution comme une évidence : « Il n’était pas acceptable de promettre un accompagnement jusqu’au bout sans pouvoir répondre présents après le décès. »

Avant, il fallait attendre qu’un médecin (souvent indisponible) vienne établir le certificat. Les familles, parfois seules avec le défunt pendant des heures ou des jours, vivaient cette situation comme un abandon. Aujourd’hui, grâce à cette expérimentation, les infirmier.ères peuvent intervenir directement. Amandine ajoute que cela renforce la confiance : « Je ne me sens plus aussi démunie. Pouvoir être là jusqu’au bout, c’est aussi une forme de respect. » Et pour cause, elle se souvient d’une situation récente où la fille d’un patient lui confiait avoir dû attendre deux jours pour obtenir un certificat.

 

 

« Ce n’est pas la mission d’un médecin qu’on remplace, c’est une responsabilité à partager » – Olivier B., infirmier de nuit à l’HAD

 

Olivier quant à lui a rapidement décidé de se porter volontaire, malgré des réticences au départ : « Je n’étais pas ravi à l’idée de devoir pallier le manque de médecins. Mais je savais que c’était nécessaire. »

Aujourd’hui, il insiste aussi sur la fluidité apportée par la dématérialisation de la rédaction des certificats, qui permet à certaines mairies de recevoir directement le document. Il alerte néanmoins : « Le dispositif est encore fragile. Pas assez de volontaires, pas de reconnaissance salariale. Et les pompes funèbres appliquent des frais de nuit quand le décès a lieu après 19h, ce qui oblige les familles à attendre le lendemain… »

En qualité d’infirmier de nuit, Olivier rédige des certificats pour des patient.e.s dont il n’a pas assuré le suivi, ce qui lui permet davantage de détachement émotionnel. Il défend cette évolution et espère qu’elle sera intégrée à la formation initiale d’IDE !

Audrey C., infirmière à l’HAD de la Fondation, fait partie des toutes premières formées en janvier 2023 : « J’ai été positivement surprise par cette initiative de l’ARS. Elle répondait à un vrai besoin du terrain ! ». Elle évoque le soulagement des familles face à une démarche jusque-là perçue comme complexe, floue, et source d’angoisse : « Beaucoup ne connaissaient pas les rouages. Aujourd’hui, ils sentent qu’on est là, jusque dans l’après… »

 

Une étape clé de l’accompagnement à la fin de vie, enfin fluidifiée

 

Pour les équipes soignantes, c’est un outil concret pour accompagner « jusqu’au bout » comme le raconte Anne-Gaëlle B., IDE à l’HAD : « Rédiger un certificat de décès reste un moment très solennel, c’est l’accomplissement de tout un travail d’équipe en amont. » Pour les familles, un soulagement humain et administratif, dans un moment où chaque minute compte.

Au regard du succès de l’ expérimentation, cette nouvelle compétence des IDE est désormais inscrite dans le droit commun via l’article 56 de la loi n° 2025-199 du 28 février 2025 de financement de la sécurité sociale et la publication ce jour des décrets n° 2025-370 et n° 2025-371 relatifs aux conditions de l’établissement des certificats de décès par les IDE et l’arrêté du 22 avril 2025 relatif à la formation délivrée aux IDE pour l’établissement d’un certificat de décès.

L’HAD de la Fondation Œuvre de la Croix Saint Simon a compris en s’impliquant dans cette expérimentation tous les bienfaits pour les familles, mais aussi pour les professionnel.les. Avec l’appui et l’accompagnement de l’équipe médicale, partie prenante depuis le lancement, l’établissement va poursuivre la dynamique et former davantage d’infirmier.es. Une avancée majeure, qui ouvre la voie à un accompagnement toujours plus humain et fluide, pour que chaque fin de vie à domicile soit respectée avec dignité et proximité.