20/05/2025 - INTERVIEW · Journée mondiale de Parkinson : au centre Saint-Vincent-de-Paul, le corps en mouvement, la tête en confiance Journée mondiale de Parkinson

 

Le corps, la mémoire, l’émotion : tout est lié. Trouble neurodégénératif évolutif, la maladie de Parkinson affecte le système nerveux central, provoquant des troubles moteurs (tremblements, raideurs, lenteur des mouvements) mais aussi des symptômes invisibles, comme l’anxiété ou les troubles cognitifs.

À l’occasion de la Journée mondiale de la maladie de Parkinson, qui a lieu chaque 11 avril, on a donné la parole à Kowsalya Sivasankar, psychomotricienne au sein du Centre d’accueil de jour Saint-Vincent-de-Paul. Son quotidien ? Offrir aux personnes atteintes de Parkinson un espace où l’autonomie, la mobilité et la confiance peuvent encore s’exercer, même face à la progression de la maladie.

Dans cet échange, elle revient sur les ateliers proposés aux patients (danse, motricité fine, relaxation ou encore jeux coopératifs) tous pensés pour répondre aux fluctuations de l’état de santé. Elle partage aussi les défis concrets rencontrés lors des séances : fatigue, perte de motivation, peur de la chute… et surtout, les clés pour les surmonter avec justesse et humanité.
 


FOCSS : Quelles sont les activités proposées au centre pour améliorer la qualité de vie des personnes atteintes de Parkinson ?

Kowsalya Sivasankar : Notre objectif premier est de préserver l’autonomie et de maintenir les capacités corporelles, en adaptant toujours nos ateliers à l’évolution de la maladie. En phase débutante ou modérée, on travaille les automatismes moteurs, l’endurance et la fluidité du geste. Quand la maladie progresse, on cible davantage la prévention des chutes, la gestion du tonus et la valorisation des capacités résiduelles. Nous utilisons des médiations variées : équilibre, coordination, motricité fine, expression corporelle, rythme ou relaxation. Ces activités permettent non seulement de mobiliser le corps en douceur, mais aussi de renforcer la confiance, d’éveiller les émotions et de stimuler les liens sociaux.


Comment adaptez-vous les ateliers aux différents stades de la maladie ?

Tout commence par une observation fine de la personne. L’état physique et mental peut varier d’un jour à l’autre, voire au cours d’une même journée. Il faut donc être réactif, ajuster le contenu des séances, et maintenir des objectifs à court terme, souples et réalistes. Les troubles moteurs (tremblements, lenteur, rigidité) comme les troubles cognitifs (apathie, baisse d’attention, anxiété) nécessitent des consignes simples, claires, parfois visuelles, et toujours bienveillantes. On veille à créer un environnement sécurisé, à respecter le rythme de chacun et à favoriser le plaisir du mouvement plutôt que la performance. Chaque défi devient une ressource pour adapter notre accompagnement.

 

Quels sont les leviers pour maintenir la motivation des patients au fil du temps ?

Il arrive que certaines personnes se replient sur elles-mêmes, perdent confiance ou se sentent découragées. Notre rôle, c’est alors de les valoriser, de renforcer leur estime d’eux-mêmes et de leur proposer des activités qui font sens pour elles. On s’appuie sur le collectif, les interactions sociales, le plaisir de faire, et on évite les objectifs trop exigeants. Les retours positifs, l’humour parfois, la mise en mouvement douce et progressive aident à restaurer un sentiment de compétence. Ce sont des petits pas, mais ils permettent souvent de grandes avancées dans la qualité de vie.

Auteur(e) : m.verdeille