15/02/2021 - A la découverte de la souris verte Multi-accueil

La souris verte est une structure constituée de deux entités : D’une part, un multi-accueil accueillant des enfants à partir de 16 /18 mois, pour un effectif de 16 enfants par jour pour 26 inscrits, et d’autre part, une crèche familiale avec 16 assistantes maternelles travaillant à domicile. Une éducatrice de jeunes enfants intervient sur les deux entités afin d’accompagner les professionnels dans leurs pratiques.  La directrice, Anne Linais, Educatrice de jeunes enfants de formation, est chargée depuis 2013 du fonctionnement opérationnel et managérial des deux structures.

La Souris verte est un établissement de petite taille, constitué d’un hall d’accueil, d’une grande pièce principale doublée d’un espace adjacent pourvu de grandes baies vitrées servant principalement aux jeux moteurs mais aussi ponctuellement à des ateliers en petit groupe. En arrivant le matin, chaque enfant prend sa photo et l’accroche sur le casier de son choix pour y déposer ses affaires. Bien que la salle principale ne soit pas très grande, l’aménagement a été pensé pour offrir aux enfants plusieurs zones de jeux incontournables : Moteur, symbolique, graphique, construction, lecture. Outre cette installation permanente, l’équipe propose quotidiennement des ateliers variés tels que pâtisserie, peinture, transvasement, patouille…

La démarche pédagogique de cet établissement est conditionnée par le fait que ce ne sont pas les mêmes enfants qui sont accueillis tous les jours. Cela demande une approche spécifique pour permettre comme le dit Anne Linais « de mettre de la continuité dans la discontinuité ». La souris verte a également une spécificité puisqu’elle est un lieu d’accueil, depuis de nombreuses années, d’enfants porteurs de handicap. Cette démarche inclusive demande des compétences complémentaires doublées d’une adaptabilité importante pour l’équipe.

S’appuyant sur l’éveil du tout petit, projet socle du Pôle Petite Enfance, sur les apports en pédagogie active et les neurosciences, les savoir-faire et savoir-être des professionnels sont orientés vers une démarche de bientraitance institutionnelle au quotidien, le fil rouge étant toujours la prise en compte des individualités au sein du collectif. Une réflexion soutenue et continue en équipe, grâce notamment aux réunions hebdomadaires et aux 3 journées pédagogiques annuelles, permettent aux professionnels d’ajuster leur pratique au plus près des besoins de chaque enfant.

 

Enrichie de tout ce corpus théorique, la pédagogie active est donc au cœur des pratiques de la Souris verte. Les enfants choisissent leur jeu, s’installent où ils veulent et ont la possibilité d’aller jusqu’au bout de leur expérience. Comme l’écrit Fabienne Agnès Lavigne, psychopédagogue « l’enfant ne joue pas pour apprendre mais apprend beaucoup quand il joue ». Pour se faire, il est indispensable de laisser les enfants construire et mettre en œuvre leur propre projet ludique : Les légos vont se transformer en frites et seront mis à cuire dans la poêle, les chaises seront alignées pour former un train, les crayons de l’activité graphique serviront d’éléments pour un jeu de transvasement.

Par conséquent, le détournement des jeux et la libre circulation dans l’espace sont des « permissions » indispensables à la créativité des enfants. De fait, pas question ici de consignes dictées par l’adulte qui viendraient enfermer les enfants dans des demandes inadaptées à leur âge. Comme le dit Anne Linais « Tout est proposé, rien n’est imposé ». Dans la continuité de l’enfant acteur de sa journée, le développement de l’autonomie constitue un autre axe fort à la Souris verte : Se servir à table, choisir librement ses aliments sur son plateau repas, mettre son gant dans la panière, se laver les mains, s’habiller et se déshabiller, choisir son jeu selon son besoin, sont autant d’actions au quotidien renforçant la confiance en soi et l’estime de soi des enfants. Le sommeil, quant à lui, s’inscrit dans la continuité de cette approche, car chaque enfant dort et se réveille à son propre rythme.

Cependant, tout cela n’est possible que si la sécurité affective est envisagée comme une absolue priorité. C’est pourquoi à la Souris verte, l’équipe est sensibilisée à la prise en compte et à l’accompagnement des émotions des enfants grâce à des apports théoriques provenant des neurosciences affectives. En effet, un enfant non sécurisé jouera difficilement, parfois même ne pourra ni manger ni dormir. Par exemple, dans cette visée, les positions-phares des adultes ont été mises en place afin de constituer des repères sécurisant pour chaque enfant, les doudous et les tétines sont laissés à disposition toute la journée, tout comme la photo de leur famille que les enfants peuvent consulter tout au long de leur temps d’accueil.

Par ailleurs, dans l’esprit de « l’éveil du tout petit », Anne Linais exprime le fait que l’observation est un outil précieux d’analyse afin de proposer une offre ludique et des aménagements en lien avec le développement psychomoteur, cognitif et affectif des enfants accueillis. Il s’agit donc de mettre en place des repères constants tout en prenant soin de les faire évoluer afin qu’ils soient toujours en phase avec l’appétence de découverte des enfants.

Enfin la motricité libre, autre pilier du projet pédagogique de la Fondation, est mis en œuvre activement au quotidien. Les enfants peuvent monter sur les tables, sur les meubles à leur hauteur afin d’assouvir leur besoin d’escalader ou de grimper. En accès libre, des parcours moteurs sont mis à leur disposition, agrémentés par du matériel comme les couchettes de lit par exemple. De la même manière, le matériel ludique est proposé au sol ou sur des tables sans les chaises. C’est l’enfant qui choisit, ou pas, de prendre une chaise pour son activité. Enfin, il n’y a pas de regroupement imposé obligeant les enfants à rester assis à un moment décidé par l’adulte.

La souris verte, par ses propositions, applique dans son lieu d’accueil, comme auprès des assistantes maternelles, des méthodes et outils de travail mettant le bien-être de l’enfant et la bienveillance au cœur de son projet. Alors pour conclure, reprenons cette phrase de Héloïse Junier s’adressant aux professionnels petite enfance : « Votre manière de leur parler, de les porter, d’accueillir leurs émotions, de les encourager, de les laisser explorer va directement influencer les adultes qu’ils seront demain. Quel beau et noble métier exercez-vous »[i].

 

[i]  Héloïse Junier « Guide pratique pour les pros de la petite enfance » Dunod 2019